Quand l’Eglise catholique fait l’actualité : rencontre avec sœur Marie*, religieuse dans les Hauts-de-France

Pédophilie, rapport de la CIASE, place de la femme au sein de l’institution… L’évolution actuelle de notre société contraint l’Eglise catholique à faire face à ses péchés. Pour connaître le point de vue d’un membre de l’institution, nous avons rencontré sœur Marie, religieuse depuis 61 ans dans la région des Hauts-de-France.

Sœur Marie suit l’actualité. En octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) a rendu son rapport. Il fixe à 330 000 le nombre de victimes d’agressions sexuelles, de la part de laïcs ou de religieux, depuis 1950 en France. « Vraiment, ça m’a fait mal… de savoir que des hommes d’Eglise, qui ont fait les mêmes vœux que moi, ont pu faire ça… »

La religieuse explique avoir eu vent de ce genre de crime. « Enfin pas en France… En Afrique, ça arrivait parfois… Je sais que ça existait car j’ai vécu en Afrique. » Sœur Marie a été envoyée en tant qu’institutrice pendant 26 ans dans une école catholique à Djibouti.

Avant cela, en 1961 à 21 ans, elle quitte sa famille, ses biens et son quotidien. Elle rejoint une communauté religieuse dans les Hauts-de-France, sa région d’origine.

Lorsqu’on lui demande : « aujourd’hui vous auriez 21 ans, feriez-vous ce choix ? » elle répond : « Je n’en sais rien, peut-être pas ! J’aime ma vie, mais j’aurais peut-être aimé cette façon de vivre autrement… Mais de toute façon ce n’est pas moi qui ai décidé de rentrer au couvent ! C’est le seigneur qui m’a appelée ! »

L’Eglise face aux transformations de la société

Selon l’Eglise Catholique de France, en 1995, il y avait 52 420 religieuses en France, contre 19 724 en 2019. « La vie a tellement changé… On a de plus en plus de confort dans notre société, donc plus de choses à laisser derrière nous pour intégrer les communautés religieuses. On vit très simplement. »

Après 61 ans au service de l’Eglise, sœur Marie porte un regard critique sur l’institution : « Il n’y a pas si longtemps encore, l’Eglise cachait les travers des prêtres, pas forcément sur la pédophilie, mais en général… Il n’y avait pas de communication. […] Si on avait des informations, c’était très confus. On ne savait pas si c’était vrai, et on n’avait aucun moyen de faire des recherches ou de mener une enquête. »

Le rapport de la CIASE note la récurrence des abus de pouvoir au sein de l’Eglise catholique. Sœur Marie explique l’avoir observé elle-même : « Par le passé, aujourd’hui je pense que c’est terminé, il y avait des abus de pouvoir au sein même de nos communautés religieuses ! Un rapport hiérarchique très fort existait parfois. Certaines de nos supérieures nous faisaient comprendre, par leur façon d’être, d’agir ou de nous commander, qu’elles étaient vraiment supérieures à nous. »

Une institution ancestrale… et patriarcale

Quant à la place de la femme au sein de l’institution, la religieuse reste pragmatique : « Je suis d’accord pour que la femme dans notre Eglise ait plus de responsabilité. » Elle rappelle qu’à la tête de la Conférence des religieux et religieuses de France, la CORREF, siège une présidente, sœur Véronique Margron. Nathalie Becquart a quant à elle été nommée sous-secrétaire du Synode des évêques. « Progressivement, ça fait son chemin » commente sœur Marie. « Mais des femmes prêtres : non. Il faut que chacun ait sa place. 

*Par souci d’anonymat, le prénom a été modifié.

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